Construction automobile: une feuille de route pour relancer la filière automobile

Dans un entretien accordé au site Khabar Press, le président de la Bourse de la sous-traitance et de partenariat de l’Ouest (BSTPO), M. Rachid Bekhechi, a présenté en détail les objectifs de la nouvelle stratégie visant à relancer le secteur de la construction automobile en Algérie, tout en évoquant les nouveautés que connaît ce secteur ainsi que les principaux objectifs futurs attendus.
Dans ce contexte, M. Rachid Bekhechi a révélé que, depuis la nomination de l’actuel ministre en décembre dernier, une nouvelle dynamique et une vision plus claire ont été observées. Une approche a été adoptée, fondée sur le principe que l’industrie automobile en Algérie doit se construire sur les compétences nationales, avec un recours progressif à l’intégration locale des composants.
Il a précisé que « l’autorisation d’importer des véhicules de moins de trois ans était une décision conjoncturelle visant à organiser le marché et répondre à la demande, mais ce n’était pas un objectif stratégique », affirmant que « l’enjeu réel demeure la production locale ».
Il a également révélé que la Bourse de la sous-traitance a élaboré un fichier national des sous-traitants spécialisés dans les pièces de rechange, soulignant que ce fichier n’est pas une simple mesure administrative mais un document stratégique mettant en lumière les capacités de chaque opérateur et facilitant la communication entre usines et fournisseurs locaux. Et d’ajouter : « Il s’agit d’une véritable feuille de route pour les investisseurs, qu’ils soient algériens ou étrangers. »
Bekhechi a insisté sur le fait que « le message est clair : le marché algérien n’est plus ouvert à l’importation de véhicules clés en main comme auparavant », soulignant que « toute entreprise étrangère souhaitant s’implanter et concurrencer doit investir en Algérie, transférer une partie de la technologie et contribuer à la formation de la main-d’œuvre locale ».
Il a précisé que cette politique « ne se limite pas à fermer la porte à l’importation, mais constitue une stratégie destinée à bâtir une véritable industrie capable de créer des milliers d’emplois ». Et d’ajouter : « Nous pensons que cette orientation conduira à la création d’une industrie intégrée, avec plusieurs usines opérant simultanément, une large chaîne de sous-traitants locaux, et surtout à l’accumulation de savoir-faire, l’intégration des technologies modernes et le renforcement des compétences des ingénieurs algériens. »
Concernant le barème d’intégration nationale, Bekhechi a expliqué qu’« il ne s’agit pas simplement d’un chiffre consigné sur papier ou d’un pourcentage imposé aux constructeurs, mais d’un mécanisme vivant, susceptible d’évoluer en permanence », en précisant que l’idée repose sur une révision de ce barème tous les six mois afin de l’adapter aux évolutions du marché et au rythme de croissance des compétences locales.
Et d’ajouter : « Nous ne voulons pas reproduire mécaniquement des expériences européennes ou asiatiques, mais bâtir des standards locaux cohérents avec notre réalité économique et technique. À cet effet, un comité technique spécialisé a été mis en place, en parallèle avec le comité d’experts annoncé récemment par le ministre de l’Industrie, qui joue le rôle de véritable cerveau de l’opération. Il sera chargé d’élaborer des critères précis et d’en assurer le suivi sur le terrain. L’objectif ultime est de parvenir à une industrie progressive et réaliste, reflétant les capacités réelles du pays. »
S’agissant du comité technique consultatif, dont la mise en place a fait l’objet d’un récent appel à candidature pour suivre le dossier de l’industrie automobile, Bekhechi a affirmé qu’il constitue « la pierre angulaire dans le processus de régulation et d’organisation de l’industrie automobile en Algérie ». Il a précisé qu’il « ne s’agit pas seulement d’un comité consultatif, mais d’un véritable organe opérationnel réunissant experts industriels, ingénieurs, représentants des sous-traitants et des usines. Ses missions essentielles consistent à formuler des propositions souples et précises adaptées aux spécificités du marché algérien, à définir de manière réaliste les taux d’intégration, et à recommander leur application effective dans les usines ».
Il a ajouté que le comité œuvrera également à « proposer le suivi de l’évolution du fichier national des sous-traitants et à garantir l’engagement de chaque constructeur étranger à associer des fournisseurs locaux à la chaîne de production », précisant qu’« il devrait également proposer de nouveaux mécanismes pour encourager la recherche et développement (R&D) dans le domaine mécanique et automobile, afin de ne pas se limiter à l’assemblage mais de progresser progressivement vers la conception et l’innovation ». Le comité transmettra ses recommandations au ministère de l’Industrie, qui déterminera les prochaines étapes dans le dossier de la production.
Concernant l’impact de cette politique sur l’économie nationale, Bekhechi a assuré que « l’effet sera visible et tangible, l’industrie automobile étant une industrie structurante capable de dynamiser d’autres secteurs connexes. À titre d’exemple, une seule usine peut générer environ 2 000 emplois directs, sans compter les centaines de sous-traitants qui l’alimenteront en composants ». Et de poursuivre : « Par le passé, nous parlions de seulement cinq ou six sous-traitants automobiles, alors qu’aujourd’hui leur nombre dépasse 90 sous-traitants agréés, ce qui représente une évolution considérable. »
Il a ajouté : « L’impact économique ne résidera pas seulement dans la réduction de la facture d’importation, mais également dans la création de valeur ajoutée locale, le développement de la recherche scientifique et technologique, et le renforcement de l’innovation dans le pays. Nous misons sur cette politique pour provoquer une véritable transformation de la structure de l’économie nationale. »
Le président de la Bourse de la sous-traitance a révélé que l’objectif est de porter le taux d’intégration de l’usine Fiat à plus de 10 % d’ici fin 2025, ajoutant : « Cela est en cohérence avec les déclarations du président de la République, qui a souligné que l’importation ne peut se poursuivre que parallèlement à l’existence d’une industrie locale effective. »
En conclusion, Bekhechi a affirmé : « Nous travaillons aujourd’hui selon une nouvelle logique économique, fondée sur la rentabilité et l’efficacité, et sur la création de revenus conséquents à partir des industries de transformation. La prochaine étape exigera un engagement collectif plus fort, réunissant l’État, les constructeurs, les sous-traitants et les chercheurs, afin de proposer un produit algérien répondant aux normes internationales en matière de pièces et composants automobiles. L’ambition ne s’arrête pas à la satisfaction du marché local, mais s’étend à l’exportation et à la compétition sur les marchés régionaux et internationaux. »