Les pièces détachées automobile en Algérie: une disponibilité limitée et une augmentation de prix de plus de 30 %

L'Algérie a récemment connu des conséquences désastreuses suite à l'arrêt de l'importation de voitures depuis 2017 et leur montage depuis 2020, ce "gel" a touché tout ce qui concerne le secteur automobile en Algérie. Au delà des conséquences directes causées par ce gel, à l'instar de l'absence totale de voitures neuves via les circuits officiels fiables, l'apparition de nouvelles activités parallèles et l'augmentation des prix des voitures d'occasion et neuves, ce "gel" a créé d'autres problèmes représentés principalement par le vieillissement du parc automobile, la rareté des pièces de rechange et l'augmentation de leurs prix. C'est le sujet que nous discuterons dans notre article d'aujourd'hui.
L'Algérie connaît-elle vraiment une pénurie de pièces détachées ?
La réponse est simplement "Oui", en effet, la rareté des pièces détachées et les augmentations de leurs prix ont touché un nombre important de nos chers lecteurs, et même de notre équipe qui vous présente l'article d'aujourd'hui. D'ailleurs, les distributeurs agréés de voitures en Algérie nous ont confirmé à travers l'Association D4A ou (Association Algérienne des Distributeurs Agréés Automobiles) que l'Algérie connait actuellement une raréfaction réelle des pièces détachées et une augmentation de leurs prix.
Plusieurs facteurs ont conduit à cette rareté
En réponse à l'une de nos questions écrites, l'Association Algérienne des Distributeurs Agréés Automobiles (D4A) a expliqué que les pièces de rechange ont connu une "augmentation significative des prix", à l'instar de la plupart des produits importés, et cela est dû à plusieurs "facteurs", qui ont été représentés - selon l'association - dans « la raréfaction causée par la crise sanitaire mondiale et ses conséquences, qui s'est traduit principalement par une chute sévère de la productivité » et « une augmentation terrible des coûts de fabrication et de transport », et cela « a coïncidé avec la fermeture implicite et totale de revendeurs locaux activant dans le domaine du montage automobile et qui détiennent les parts les plus importants du marché dans le secteur de l'importation et la distribution de pièces détachées.
Des augmentations dépassant les 30% et la première ligne des services après-vente officiels en risque
L'Association Algérienne des Distributeurs Agréés Automobiles (D4A) nous a fait savoir que "les prix des pièces détachées ont connu un augmentation de plus de 30% dans un temps record, en parallèle avec la baisse du pouvoir d'achat du citoyen algérien dans les mêmes circonstance", ce qui a créé "un déséquilibre majeur entre l'offre et la demande", selon la même source.
L'Association D4A considérait ce problème et ses conséquences comme une "mort lente" pour leur secteur, expliquant l'avoir confronté avec des "moyens non systématiques et non professionnels en réduisant les moyens et les ressources humaines d'une part, et en recourant involontairement aux marchés parallèles en raison de le manque de produits dans les circuits officiels et agréés.
En réponse à notre question sur les conséquences et les résultats du problème de la rareté des pièces de rechange, l'Association D4A a déclaré que : « en résumé, les conséquences et les résultats sont clairs et inévitables (nous sommes sur le point de disparaître)".
En raison du gel des importations, le parc automobile vieillit de plus en plus et manque cruellement de pièces détachées d'origine
Comme on le sait, après avoir gelé l'importation et le montage de voitures en Algérie, le parc automobile s'est rempli de véhicules anciens et usés. Les statistiques de l'année 2019 fournies par l'office national des statistiques (ONS) indiquent que le nombre de voitures en Algérie au cours de l'année 2019 équivalait à 6,5 millions de véhicules, contre 6,4 véhicules au cours de l'année 2018.
Cela signifie qu'au moins 100.000 véhicules vendus par les voies officielles ont maintenant trois ans, ce qui donne une idée générale sur le vieillissement du parc automobile en Algérie, d'autant plus que 2019 a été la dernière année au cours de laquelle des voitures ont été vendues en quantités importantes d'une manière officielle.
Par conséquence, on peut dire que le parc automobile en Algérie a besoin d'une rénovation urgente et de pièces détachées d'origine fiables pour entretenir, réparer et assurer le bon fonctionnement de ce grand nombre de voitures anciennes dont l'état se détériore d'année en année, surtout en tenant compte de l'état de nos routes, qui affecte négativement l'état des voitures.
Nous précisons que les pièces de rechange doivent être d'origine, car seulement les pièces d'origine qui garantissent le bon fonctionnement de la voiture sans compromettre sa sécurité et sans provoquer d'autres dysfonctionnements plus importants, mais malheureusement, compte tenu de cette rareté, il est devenu très difficile d'accéder aux pièces détachées d'origine sans passer par un nombre important de pièces de contrefaçon non conformes aux normes de qualité, de sécurité et de sûreté.
Il convient également de noter que le secteur des transports en Algérie souffre également des conséquences de la rareté des voitures et des pièces détachées, puisque les véhicules utilisés dans ce secteur consomment régulièrement des pièces détachées, une chose difficile à satisfaire à l'heure actuelle, surtout si on prend en compte la rareté des pièces et les augmentations de leurs prix, ce qui affecte négativement les acteurs de ce secteur et met leur sécurité et celle des passagers en danger au cas où les transporteurs utiliseraient des pièces détachées contrefaites pour faire face aux prix élevés des pièces d'origine.
Quelles sont les solutions proposées ?
Nous avons adressé cette question à l'Association D4A et leur réponse était la suivante : "La seule solution réside dans la politique économique adoptée par les autorités. Soit on libère le secteur avec des contrôles et des mécanismes équitables et contemporains, soit on adopte un programme de fabrication locale avec les plus grandes marques à moyen et long terme (la situation est très appropriée en raison de la réticence des grands constructeurs des pays de l'Europe de l'Est, qui sont le principal fournisseur des grandes marques européennes). Dans les deux cas, on propose l'établissement d'un complexe commercial qui regroupe les différents opérateurs professionnel de notre association et toute personne désirant relancer cette activité en Algérie, à travers la préparation des commandes, la négociation avec les fabricants ou les exportateurs sur les meilleures marchandises, en tenant compte des prix et les meilleures façons de les fournir sur le marché national, et la gestion de leur distribution de la part de prix, qualité et disponibilité, et grâce à ce complexe, nous pouvons nous préparer à entrer dans la phase de créer un équilibre puis entrer dans le secteur manufacturier à moyen et long terme".
L'association a également proposé l'installation des comités spécialisés dans les différents domaines d'activités, y compris un comité de pièces de rechange, pour établir une étude technique, économique et professionnelle et présenter un projet applicable dès que possible.
Enfin, nous adressons un mot de remerciement à l'Association D4A pour leurs réponses et leur contribution à mettre en avant l'un des problèmes causés par le "gel" de l'importation de véhicules neufs en Algérie.